On aurait tendance à penser que nos traumatismes nous appartiennent, et si ce n’était pas forcément le cas?
En tant que psychopraticienne, j’accompagne régulièrement des personnes dans cette réflexion, notamment à travers la psychogénéalogie.
D’où vient la psychogénéalogie?
Les prémices de cette discipline sont dûes à Sigmund Freud en 1913 grâce à son idée de transmission d’inconscient à inconscient et d’âme collective.
Puis, Carl Jung, grâce à sa théorie de l’inconscient collectif ouvre la voie d’une approche transgénérationnelle. Enfin, les psychanalystes Nicolas Abraham et Maria Torok ont mis en lumière les théories dynamiques insconscientes. Mais c’est Anne Ancelin-Schützenberger, éminente psychothérapeute française d’origine russe, qui a donné le nom à cette discipline, en faisant émerger et en contribuant à rendre cette technique thérapeutique populaire.
Définition de psychogénéalogie
La psychogénéalogie est une approche de la psychologie qui met en lumière les liens que nous avons les uns avec les autres. Elle est systémique. Et qu’est-ce qui nous unit les uns avec les autres comme les perles sur un même fil? C’est l’histoire familiale !
Nos parents, nos grands-pères, nos ancêtres; ont traversé la vie avec des blessures qui peuvent nous être transmises et nous atteindre par ricochets de générations en générations sans même en avoir conscience.
Cette orientation thérapeutique permet de prendre du recul sur nos troubles psychiques, en posant cette interrogation:
Et si nos souffrances étaient héritées ? Liées aux douleurs fantômes non résolues issues de plusieurs générations précédentes?
Objectif de cette discipline
Remettre de l’ordre, rendre les blessures à qui elles appartiennent, tel est la tâche noble et subtile de la psychogénéalogie.
Il est possible que dans certains cas, nos difficultées peuvent trouver leur origine dans l’histoire familiale.
La psychogénéalogie permet d’identifier les traumatismes insconscients et de s’en libérer.
QUELQUES PRÉCISIONS:
Cette discipline permet de :
- comprendre ce qui nous été transmis
- comprendre et honorer les souffrances vécues par nos aïeuls
- se libérer des schémas répétitifs et inconscients
- choisir sa propre voix en adhésion avec soi-même et non avec une héritage ressenti mais invisible
MAIS ATTENTION
L’objectif de la psychogénéalogie n’est pas d’accuser sa famille mais de comprendre que nous sommes tous reliés les uns aux autres, de prendre en compte ce dont on hérite et la manière dont on peut se délester de certains fardeaux familiaux, tout en retrouvant son identité et sa vie.
La psychogénéalogie : une immersion au coeur de nos aïeux
C’est un voyage dans le temps, une exploration dans les secrets de famille, dans les nons-dits, dans les loyautés invisibles. Cette démarche peut révéler bien des surprises et il est important d’’avoir un accompagnement thérapeutique pour ce faire. C’est là où le savoir psy prendra tout son essor et le thérapeute sera votre guide dans le décodage des lignées familiales.
Cette approche centrée sur la famille nous permet de faire le deuil de certaines blessures qui ne nous appartiennent pas.
Comment fonctionne la psychogénéalogie?
RECHERCHE DE L’HISTOIRE FAMILIALE
Au coeur de cette recherche, le génosociogramme est un élément important, il pourrait être rapproché d’un arbre généalogique; à la différence que le patient doit le faire de mémoire, que ce génosociogramme doit être enrichi de données émotionnelles et symboliques en remontant sur plusieurs générations et qu’il doit être complété par :
- des dates importantes (naissances, mariages, séparations, décès)
- des événèments marquants (faillites, famines, guerre, accidents, exils,maladies, secrets, non-
dits). - des répétitions de schémas ( mêmes prénoms que l’on trouve d’une lignée à une autre,
métiers, drames, décès aux mêmes âges ou de la même manière)…
En résumé…
Le génosociogramme est une cartographie de l’histoire familiale.
Il est intéressant de souligner que c’est non seulement ce que le patient va inscrire sur la feuille qui va prendre sens, mais également les absences, les trous, mais aussi la façon dont le patient va présenter “cet arbre émotionnel”: son ressenti, la vision qu’il a de ses ancêtres, les anecdotes et la tonalité de sa voix, des raclements de gorges, une attention très particulière aux mots prononcés lors d’anecdotes rapportées…
MISE EN LUMIERE DES REPETITIONS, DES FIDELITES INCONSCIENTES
La psychogénéalogie peut tisser un lien entre le mal-être d’un individu et son histoire familiale sur plusieurs générations.
Lors de thérapies personnelles, le patient peut livrer au thérapeute des problèmes qui ont été déja portés par ses ancêtres et qui font écho aux siens.
- Il peut s’agir de répétitions: la personne se retrouve dans des scénarios similaires à ses aïeux: par exemple, des partenaires violents comme avaient choisi une grand-mère, des schémas émotionnels qui se répercutent à chaque génération.
- Mais aussi de loyautés invisibles: un enfant porte un fardeau voire un destin pour rester en fidélité à sa famille, comme un enfant qui échoue aux examens de grandes écoles pour rester en loyauté avec un parent déchu.
- Des secrets et des non-dits: dans une fratrie, la mort d’un frère ou d’une soeur avant sa naissance, peut créer des incidences sur sa position parentale et cette mort non digérée peut flotter comme un fantôme et ressurgir.
PRISE DE CONSCIENCE
Il s’agit d’analyser tout ce qui pourrait être de l’ordre du lien transgénérationnel et de tout ce qui peut être à l’oeuvre dans l’ici et maintenant de la personne :
Pour cela, quand le patient entame une psychohérapie, il est essentiel qu’il rapporte des récits familiaux lors des entretiens.
Mais également, des observations, des liens, lors de sa filiation généalogique, comme des répétitions de prénoms, des phénonomènes rapportés, des événements réitérés à des dates précises et cela durant des générations.
TRAVAIL SYMBOLIQUE
Pour se libérer de fardeaux qui ne nous appartiennent pas, la prise de conscience de ce qui s’est joué pendant des générations est crucial.
Pour rendre la guérison plus concrète, il est important d’opérer ce changement à travers des actes symboliques :
- un psychodrame: qui est une sorte de jeu théatral mettant en scène l’évènement qui pose problème
- Des écritures de lettres, des dialogues imaginaires avec l’aïeul en question, un poids que l’on rend à l’ancêtre concerné grâce à des objets lourds, des pierres par exemple.
Ainsi, l’identification de la source du problème peut suffire à résoudre le lieu de souffrance. Et la personne peut guérir et reprendre sa vie en main.
QUELQUES PISTES POUR ALLER PLUS LOIN
- ” Aïe, mes aïeux! ” de Anne Ancelin Schützenberger.
- ” Guérir de sa famille et enfin vivre sa vie” de Michèle Bromet- Camou.
- “J’ai mal à mes ancêtres” Patrice van Ensel et Catherine Maillard.
